Les personnes qui vivent un burn out auront peut-être du mal à le percevoir. Pourtant, Bénédicte Costedoat-Lamarque, qui a elle-même traversé une période de burn out, estime que l’on peut transformer cet épisode en expérience positive. A la condition de s’interroger en profondeur.
« Pas moi, ce n’est pas possible », « Je suis juste un peu surchargée, ça va passer »… Comme beaucoup de personnes, Bénédicte Costedoat-Lamarque a d’abord été dans le déni face au burn out qui la guettait. Quelques mois avant de s’effondrer, des indices auraient pu l’alerter, mais elle a ignoré les signaux que son corps lui envoyait… jusqu’au jour où elle n’a plus réussi à marcher. « J’étais une maman dynamique, et je me suis trouvée à me déplacer comme une mamie, à devoir me faire aider de mes enfants pour monter une petite pente », se souvient-elle. Elle qui évoluait à l’époque dans un grand groupe était pourtant en perte de sens dans le cadre de son travail. Aujourd’hui, elle a réussi à dépasser cette épreuve de la vie et à la transformer de manière positive. Elle détaille son cheminement et les leviers qui l’ont aidée dans Le Burn Out, une opportunité de transformation intérieure (éditions L’Harmattan).
Les idées reçues sur le burn out
Avant toute chose, il est nécessaire de réaliser que l’on traverse un burn out. Mais beaucoup de fausses croyances nous empêchent de le saisir, comme laisser entendre que le burn out est coup de fatigue passager : « À l’épuisement physique est associé l’épuisement émotionnel. La combinaison des deux, caractéristique du burn out, induit une réelle incapacité à travailler. Un temps de grande fatigue sur une courte période (un mois par exemple) n’est pas un burn out. C’est peut-être une phase préliminaire. Pour le burn out, le temps est beaucoup plus long », détaille-t-elle dans son ouvrage. Ainsi, une période de vacances ne suffit pas à remettre sur pied la personne en burn out. Il faut aussi différencier le burn out d’une dépression ou d’un trouble psychiatrique. « Le burn out est une maladie d’origine strictement professionnelle dont les premiers symptômes sont très physiques », peut-on lire. En revanche, un burn out mal ou pas soigné peut mener à des pathologiques psychologiques.
Enfin, celle qui s’est reconvertie dans le coaching (individuel et d’entreprise), insiste sur le fait que « le burn out n’est pas un signe de faiblesse. La personne, pour faire face aux exigences de son poste, démontre une résistance et une endurance physiques et psychiques très (…trop) importantes, elle va au-delà de ses limites, sans les écouter, en restant surinvestie. Malgré ce qui la mine et son niveau de fatigue qui augmente, elle démontre une véritable force intérieure », affirme-t-elle. Il est important selon elle de l’accepter, si l’on veut se servir de ce moment de vie à des fins utiles.
Réussir à parler du burn out à son entourage
Certains signes du burn out peuvent être repérés, mais sont propres à chacun : fatigue intense, fortes réactions émotionnelles, sentiment d’épuisement, perte de sens et de sensations… Il faut donc commencer par l’accepter pour aller de l’avant. Oui, mais comment expliquer à un conjoint ou sa famille, que l’on n’a plus l’énergie nécessaire ? Comment accepter d’écorner l’image que l’on renvoie à ses proches ? « Les personnes en burn out ont souvent tendance à culpabiliser, car ce sont des personnes très investies dans leurs tâches. Pour ma part, j’étais moteur dans l’organisation familiale, je ne pouvais pas me résoudre à me reposer toute la journée », explique-t-elle.
Un jour pourtant, un déclic est bien venu de son entourage. Son plus jeune enfant, âgé de 12 ans à l’époque, a ressenti qu’elle retenait une grande souffrance. Il lui a alors demandé : « Maman, tu nous dis toujours qu’on doit exprimer nos émotions, car si on les garde en nous, ça fait des dégâts à l’intérieur. Je vois que tu as envie de pleurer, alors pleure ». Les larmes ont coulé. « Je crois que de tout mon entourage, ce sont eux qui se sont le plus vite adaptés. Ils ont ressenti, ils ont compris. Bien sûr j’ai repéré quelques regards inquiets, mais j’ai aussi eu leur soutien naturel. Les enfants sont de petits guides de vie, beaucoup plus connectés naturellement à leurs ressentis et à l’essentiel que nous, adultes. Il s’agit d’écouter leurs remarques d’apparence anodine car c’est un miroir pertinent », confie-t-elle.
Se faire accompagner pour ne plus subir le burn out
Pour autant, l’entourage le plus proche ne peut pas être le seul à aider la personne en burn out. Un accompagnement extérieur est nécessaire à de nombreux égards. Pour commencer, le thérapeute, quelle que soit la méthode choisie, aura un détachement émotionnel qui lui permettra le recul nécessaire pour venir en aide. Un thérapeute ou un coach vont ainsi aider la personne à s’interroger sur les modes de fonctionnement et les habitudes qui l’ont conduite à ce burn out. Par ailleurs, il est important que l’entourage se préserve aussi pour ne pas être aspiré par le chaos intérieur, pour ne pas s’endommager lui-aussi.
« Je vois le burn out comme un signal d’alarme de la vie. C’est comme être sur une route, être en pleine accélération et se prendre un mur. Il faut accepter de se dire qu’on a loupé une bifurcation », décrit Bénédicte. Bien sûr, cette situation est extrêmement angoissante, mais on peut agir pour la rendre utile. Un accompagnement va ainsi permettre de se reconnecter à soi, à sa nature intérieure. Mais ce travail psychologique doit s’accompagner d’un travail corporel. En burn out, on est comme coupé de son corps. « Cela peut se traduire par de la marche ou tout simplement être dans la nature, écouter ses sensations et ses ressentis. C’est de l’oxygène pour le corps et l’esprit ! », raconte-t-elle. Dans son livre, elle parle également des bienfaits de la méditation et évoque le Tai Chi chuan, l’acupuncture… Chacun sa recette.
Transformer son burn out en expérience positive
Ce travail réalisé mène ensuite à des réflexions profondes. « Je crois sincèrement que la vie est intelligente, et que tous les grands événements qui la constituent, comme un burn out, ont un but évolutif. On peut choisir de foncer, et de s’y enfoncer parce qu’on est aveuglés par ce qui se passe. Ou on peut choisir de le transformer, en prenant conscience de ce qui est à l’œuvre », estime-t-elle. Avant toute démarche de projection professionnelle, on peut se demander ce qui nous nourrit et trouver son rêve intérieur. « Pour ma part, j’avais très envie d’écrire un livre. Étant chimiste de formation, je m’étais toujours mis des barrières, je ne me sentais pas légitime. J’avais également souvent songé à créer mon entreprise, sans forcément prendre la décision de me lancer », raconte-t-elle.
Pour autant, elle rappelle que s’interroger ne veut pas dire qu’il faut tout changer. C’est ce qu’elle indique souvent aux personnes qu’elle accompagne désormais, qui viennent la voir en prévention d’un burn out ou en phase de burn out : « L’herbe n’est pas plus verte ailleurs. L’idée n’est pas de se dire que le burn out doit nous pousser forcément à changer de boite, non. Je crois que le burn out doit nous servir à remettre en question nos modes de fonctionnement, savoir ce qui nous convient et ce qui nous convient moins. J’ai ainsi l’exemple d’une personne qui a réussi à se réinventer au sein de son entreprise, mais le burn out lui a permis de s’interroger sur des schémas qui impactaient surtout sa sphère familiale. Le travail n’était alors qu’un déclencheur », explique-t-elle. Mêlant expérience personnelle et réflexions professionnelles, son ouvrage pourrait en aider plus d’un(e) dans ce moment de vie face auquel on se sent souvent seul(e).
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