Article Santé Naturelle Magazine – Février 2021
La crise sanitaire s’accompagne d’une crise économique, c’est indéniable. Mais le plus tangible, ce qui impacte la vie de millions de personnes au quotidien, c’est la montée en puissance de l’incertitude et du stress liés aux problèmes économiques, baisse d’activité pour les petits commerces, travail partiel et/ou précaire pour les salariés, etc. Le burn out est ce symptôme le plus visible de l’épuisement psychologique de la personne qui ne supporte plus ce qu’elle vit. Nous avons rencontré une spécialiste en la matière, Bénédicte Costedoat-Lamarque, elle nous raconte son parcours et nous donne quelques conseils pratiques.
1. Bénédicte Costedoat-Lamarque pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel et personnel… Comment est venu cet intérêt pour le burn out et le coaching ?
Après des études de Chimie et une spécialisation en Ressources Humaines, mon premier poste était celui
de responsable Compétences et Formation pour le site d’Airbus à Saint-Nazaire. Puis, avec l’arrivée de mes deux enfants, j’ai pris en charge des postes opérationnels, notamment celui de Responsable Qualité.
C’est en quittant la Bretagne pour Paris, que mes équipes m’ont fait un feedback qui a donné un tournant à ma carrière. La prise de conscience que j’avais une posture de manager-coach et que je n’avais eu de
cesse de les aider à se développer m’a bien obligée à prendre acte de ce que je pensais être une qualité
communément répandue. Aussi, lorsqu’en arrivant au siège d’EADS j’ai pris le poste de Responsable du
Programme Lean Six Sigma pour le Groupe, j’ai commencé en parallèle une certification au Coaching individuel (HEC). Pour moi, c’était extrêmement cohérent puisqu’il s’agissait de faire évoluer l’entreprise par les Hommes.
Puis j’ai pris la responsabilité de l’Accompagnement du Changement pour les 10.000 salariés de l’entité spatiale d’Airbus. C’est à ce moment-là que je me suis certifiée au Coaching des Organisations (HEC).
Sur ce poste passionnant, me permettant de mettre en œuvre ce que je porte profondément (les pratiques de leadership innovantes et collaboratives, l’entreprise responsabilisante), j’ai continué à me surinvestir, sans mesure. Les résultats étant au rendez-vous, je n’ai pas écouté les signes avant-coureurs de mon corps, cette fatigue et cette usure qui s’installaient… et le burn-out est arrivé.
Étant convaincue que la Vie est intelligente et qu’elle a un but évolutif, j’ai choisi de ne pas subir mais de
transformer cette expérience de vie. J’ai publié un livre dans ce sens, pour que chacun.e puisse prendre
conscience des ressources incroyables à notre disposition et de l’opportunité de transformation intérieure que représente le burn-out ou tout événement de vie.
Au retour du burn-out, j’ai quitté Airbus pour créer ma propre société BE CHANGE LIVE, et accompagner les dirigeants et managers dans leurs transformations d’organisation, culturelles, managériales ou individuelles.
Je donne aussi des conférences-ateliers pour favoriser les prises de conscience autour des pratiques de leadership et du burn-out.
2. Si vous deviez donner des conseils pratiques à nos lecteurs vivant un stress chronique (ou intense), qu’est-ce que vous proposeriez ?
En approche neurocognitive et comportementale, nous disons que « stress = stresseur x stressabilité« . Autrement dit, il y a à la fois un facteur externe -le stresseur- et un facteur interne -la stressabilité.
Selon moi, la première démarche est de prendre conscience de ce stress, sans le sous-estimer. Nous n’avons pas la main sur les facteurs externes. Aussi, il est très important de bien identifier ce qui est de l’ordre de notre zone d’impact (notre zone de responsabilité, d’action, de marge de manœuvre), de notre zone d’influence (nous pouvons mener des actions pour influencer mais le résultat ne dépend pas de nous) et de notre zone d’usure (nous n’avons ni influence ni impact). Je conseille donc de se recentrer sur sa zone d’impact pour perdre le moins d’énergie possible.
Par ailleurs, en situation de stress chronique, le corps s’use et il est important de l’aider. La variation de certains neurotransmetteurs (adrénaline, cortisol, sérotonine, etc) impacte notre état physique et mental. Le magnésium chute. Aromathérapie, phytothérapie, acupuncture, marche, Tai Chi, tout ce qui permet de se recentrer est utile et pertinent. Consulter les thérapeuthes spécialisés est utile aussi.
Enfin, il me semble plus qu’utile de mettre au clair ses modes de fonctionnement, qui nous conduisent à ce stress chronique, c’est la partie « stressabilité ». Parfois, certaines croyances et certains schémas éducatifs ou culturels sont tellement ancrés qu’ils sont simplement impossibles à détecter par la personne elle-même.
Pour cela, se faire accompagner par un coach ou un thérapeute est important, car il est difficile de pouvoir prendre du recul sur soi-même, même en ayant une bonne capacité d’introspection.